6e congrès de l’Association française d’économie politique – La frontière en économie – 4, 5 et 6 juillet 2016, Université de Haute-Alsace – Mulhouse

Alors que le thème de l’abolition des frontières comme modalité de la mondialisation est largement diffusé par les médias, on peut  s’interroger sur le maintien, le déplacement, le renforcement ou la transformation des barrières aux échanges, notamment à la suite de la diffusion des « nouvelles technologies de l’information et de la communication ». Se tenant à Mulhouse, dans une région dont l’histoire longue a été profondément marquée par la question des frontières et de leurs déplacements, cette problématique de la frontière sera placée au centre du congrès de l’AFEP, en suivant deux perspectives principales.

Premièrement, la frontière renvoie, en économie, aux obstacles aux échanges de marchandises et à la libre circulation de la main-d’oeuvre et des capitaux. Reste que les relations qu’entretient la science économique dominante à la notion de spatialité ne vont pas sans soulever certaines interrogations. Les références récurrentes à des entités territoriales abstraites, en économie internationale ou en économie publique, peuvent ainsi être questionnées. De même, la revendication de la primauté de la prise en compte de l’espace par la nouvelle  économie internationale pose aussi problème, au regard des nombreux travaux antérieurs qui lui accordent une place importante dans leurs analyses, et sont pour la plupart cantonnés aux marges de la discipline (tels ceux de Marshall, Hotelling, von Thünen, Weber, Isard, Lösch, Christaller). Tout en s’interrogeant sur l’état de ces recherches, les intervenants sont invités à réfléchir à la manière dont les barrières plus ou moins formelles associées aux frontières officielles influencent les phénomènes économiques.

De plus, à l’heure d’une mondialisation financière largement dérégulée, se pose avec une extrême acuité la question de la frontière fiscale, dont les États tentent de reprendre le contrôle en multipliant, ces dernières années, les initiatives (FATCA, Projet OCDE/ G20). Une attention particulière sera aussi accordée aux enjeux économiques des diverses remises en cause actuelles des frontières en Europe :  contestation de l’espace Schengen face aux récents flux migratoires, révision des limites de la zone euro et de l’Union européenne (« Grexit », « Brexit »). Ces questions ne se limitent évidemment pas au cas européen et pourront être traitées sur d’autres terrains.

L’ensemble de ces considérations ouvre ainsi un vaste ensemble de questions portant à la fois sur la résurgence récente des arguments protectionnistes, les stratégies d’implantation des entreprises, les politiques publiques de gestion des flux commerciaux, financiers ou migratoires, le travail et la consommation transfrontaliers, les comportements d’optimisation fiscale, la gestion des frontières extérieures (et intérieures) de l’Union européenne, ou celle de l’harmonisation fiscale de cette même Union.

La seconde dimension retenue se situe dans le champ de l’épistémologie, à travers le thème des frontières de la discipline économique. Depuis la querelle des méthodes jusqu’au combat de l’AFEP, le débat est toujours vivant sur les relations que l’économie devrait ou non entretenir avec les autres sciences sociales et avec la politique. Il s’agira alors de s’interroger sur le projet d’une science économique plurielle, ou d’une science sociale de l’économie. Ceci invite à questionner les divergences proprement épistémologiques qui peuvent  exister entre économistes et celles qui proviennent d’enjeux prioritairement institutionnels. Se pose encore la question de la relation entre ces divergences, ou comment des cloisonnements institutionnels peuvent générer des oppositions scientifiques, et réciproquement.  Autrement dit, comment penser l’encastrement des controverses récurrentes au sein des sciences économiques dans les logiques politico-institutionnelles ? Dans ce cadre, le dialogue avec des chercheurs provenant d’autres horizons géographiques, institutionnels et  disciplinaires est très souhaitable.

Cette seconde perspective appelle donc elle aussi un large ensemble de réflexions sur le degré d’ouverture actuelle de la science  économique dominante aux autres sciences sociales, succédant à son impérialisme des années 1960-1970, sur l’état des interfaces entre sciences économiques et science politique, histoire, droit, sociologie, géographie, psychologie, sur les lignes de démarcations entre hétérodoxie et mainstream, sur les enjeux de définition du champ des sciences économiques, ou ceux qui touchent aux méthodes d’enquête, d’enseignement et d’exposition en économie, sur l’articulation comparée de l’économie aux autres sciences sociales à l’échelle internationale.

Pour répondre à l’ensemble de ces questions, l’ouverture des frontières à d’autres disciplines que l’économie sera évidemment de mise. Enfin, si ces deux thématiques formeront la trame du congrès 2016, les propositions de communication pourront concerner tous les  domaines liés à l’économie politique.

Modalités de Soumission
L’appel à communication porte sur deux types de soumissions possibles. Vous pouvez en effet :

– Soumettre une proposition de communication académique (résumé étendu de l’intention de communication qui ne doit pas excéder deux pages).
– Soumettre une proposition de panel. Celle-ci est placée sous la responsabilité d’un ou plusieurs animateurs qui présente un programme complet avec l’ensemble des communicants.
Les animateurs doivent soumettre au comité d’organisation les résumés des communications pressenties.
Les intentions de communication, de moins de 5000 signes espaces compris, doivent être déposées sur http://afep2016.sciencesconf.org, dans la rubrique « Déposer une contribution ».

Calendrier
Date limite d’envoi des propositions : 15/04/2016
Notification d’acception de la communication : 01/05/2016
Date limite d’inscription et d’envoi des articles pour publication sur le site : 01/06/2016

Comité d’organisation
– Jean-Daniel Boyer, (Université de Strasbourg)
– Philippe Gillig (Université de Strasbourg)
– Jean-François Havard (Université de Haute-Alsace)
– Simon Hupfel (Université de Haute-Alsace)
– Francis Kern (Université de Strasbourg)
– Dany Lang (Université Paris 13)

Comité scientifique
– Bernard Chavance (Université Paris 7)
– Gerald Epstein (University of Massachussetts Amherst)
– Olivier Favereau (Université Paris 10)
– Ben Fine (University of London, School of Avanced Studies)
– Ludovic Frobert (ENS de Lyon)
– Florence Jany-Catrice (Université Lille 1)
– Agnès Labrousse (Université d’Amiens)
– Marc Lavoie (Universités d’Ottawa et Paris 13)
– Alain J. Lemaître (Université de Haute-Alsace)
– Francis Kern (Université de Strasbourg)
– André Orléan (EHESS)
– Julien Pénin (Université de Strasbourg)
– Claire Pignol (Université Paris 1)
– Franz Schultheis (Universität St. Gallen)
– Kristina Schulz (Universität Bern)
– Andy Smith (Sciences Po Bordeaux)

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