Prix de thèse RIODD Vigéo-Eiris 2020

 

PALMARÈS

 

18 candidatures ont été soumises cette année au jury du Prix de thèse RIODD. Sur les 16 qui ont été validées, l’éventail disciplinaire a été moins diversifié que d’habitude : 10 thèses en gestion, 2 en droit, 2 en génie industriel, 1 en économie et 1 en géographie. Le jury réuni le 9 juillet a établi le palmarès suivant.

 

LAURÉATE 2020

 

La lauréate du prix de thèse RIODD 2020 est Laetitia MONGEARD pour sa recherche sur « Des gravats dans la ville. Pour une approche matérielle de la démolition », menée au sein du Laboratoire Environnement Ville Société (UMR5600) sous la direction de Vincent Veschambre (École Nationale Supérieure d’Architecture). Cette thèse de doctorat en géographie a été soutenue le 12 décembre 2018 à l’Université Lyon-2. Le montant de 2 000 € du Prix doté par Vigeo-Eiris lui a été remis lors du Congrès RIODD 2020 le 1er octobre 2020.

Présentation. Comme l’a souligné le jury, cette thèse répond bien aux critères d’originalité et de multidisciplinarité de la problématique. Elle présente des résultats significatifs du point de vue de la recherche, peut être utile à l’action et elle ouvre des pistes d’investigations nouvelles.
Comment et pourquoi les gravats de démolition participent-ils à la construction de l’espace urbain ? L’importante quantité de gravats (de l’ordre de 30 millions de tonnes pour la France en 2012, du même ordre que les déchets ménagers) issus de la construction urbaine est à l’origine de deux problématiques environnementales majeures : la consommation voire la pollution d’espaces par le dépôt sauvage d’une part ; les émissions de gaz à effet de serre engendrées par leurs circulations d’autre part.
Cet enjeu est pris en compte par un cadre réglementaire développé progressivement depuis le début des années 2000, qui impose en priorité la prévention de la production de déchets (notamment par le réemploi, et à défaut leur valorisation, en premier lieu par le recyclage). Pour la construction urbaine, ces « gravats » ne seraient alors plus des déchets mais des ressources, — une « mine urbaine »— alternative à des ressources naturelles. Bien plus qu’une problématique relative à des déchets spécifiques, la question de la production et de la gestion des matériaux inertes de démolition peut ainsi être appréhendée par des approches en termes de métabolisme territorial et d’économie circulaire.

 

 

ACCESSITS 2020

 

Le jury du Prix de thèse a par ailleurs décidé de distinguer 3 autres candidats, qui ont chacun reçu de Vigeo-Eiris un chèque de 500 € :

 

  • Alice FRISERpour sa recherche sur « Éviter la controverse : un regard institutionnaliste sur les habiletés d’une industrie proactive au Canada», menée au sein de l’École des Sciences de Gestion de l’UQAM sous la direction de Olga Navarro-Flores (UQAM) et Corinne Gendron (UQAM). Cette thèse de doctorat en administration a été soutenue le 12 février 2019 à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Présentation. Depuis les années 1990, le risque de contestation d’un projet, d’un produit, d’une décision publique ou privée interpelle sérieusement les professionnels des relations publiques. L’ampleur de l’impact négatif sur la réputation ou sur le résultat financier a été illustrée plusieurs fois : scandales entourant l’industrie des gaz de schiste, les OGM, les méfaits du tabac et du sucre, l’installation d’éoliennes et de compteurs électriques intelligents ou encore la construction d’aéroports, de casinos ou de complexes immobiliers.
L’évitement de ces controverses est pourtant resté un objet de recherche longtemps délaissé. Il s’agit donc maintenant de saisir leur potentiel de transformation du social, leur mise en visibilité par des lanceurs d’alerte, la position mouvante des acteurs qui les animent, les dispositifs à privilégier pour bien les gérer, ou encore leurs possibles trajectoires.
La controverse étudiée dans cette thèse est de nature environnementale. Il s’agit de celle qui a entouré l’extraction tourbière en Europe entre les années 1990 et 2010 alors qu’elle n’a pas trouvé d’équivalent au Canada, pourtant second pays producteur de tourbe horticole au monde.

 

  • Bamdad SHAMS pour sa recherche sur « Le conflit de lois et la production privée des droits fondamentaux : vers un renouveau théorique», menée au sein de l’École de droit de SciencesPo sous la direction de Horatia Muir Watt (SciencesPo Paris). Cette thèse de doctorat en droit a été soutenue le 2 juillet 2019 à SciencesPo Paris. 

Présentation. Aujourd’hui, des acteurs non étatiques tels que les ONG ou les multinationales édictent des normes de portée transnationale de plus en plus précises et contraignantes du fait de mécanismes privés robustes tendant à en assurer la mise en œuvre. Le droit étatique et le droit non étatique peuvent ainsi se trouver en concurrence pour régir une même situation juridique. De plus, ces acteurs construisent une hiérarchie post-kelsénienne des normes, élaborent des règles substantielles applicables au fond d’un litige et instituent des ordres quasi-juridiques non territorialisés, à tel point qu’il serait possible de s’interroger sur la pertinence et le bien-fondé des dichotomies classiques sur lesquelles se sont fondées jusqu’ici les rapports entre les normes étatiques et les normes non étatiques : droit/non-droit, droit dur/droit souple, droit officiel/droit non officiel, droit formel/droit informel, pour ne citer que les plus connues. La thèse argumente pourquoi ces qualificatifs d’essence positiviste ne reflètent pas la réalité complexe et protéiforme du droit contemporain que sécrètent ces nouveaux législateurs du XXIe siècle.

 

  • Maël SOMMER pour sa recherche sur « Systèmes de management collectifs et gestion des tensions de la durabilité en petite entreprise : une approche par les paradoxes appliquée au contexte agricole» menée au sein du laboratoire MOISA (Marchés, Organisations, Institutions et Stratégies d’Acteurs) sous la direction de Leïla Temri (Montpellier SupAgro). Cette thèse de doctorat en gestion a été soutenue le 16 juillet 2019 à SupAgro Montpellier. 

Présentation. La nécessité de satisfaire simultanément des exigences économiques et non économiques, de court terme et de long terme, confronte les entreprises à de multiples tensions paradoxales. Or en se focalisant trop souvent sur la façon dont les résultats économiques et non économiques peuvent s’aligner, démarché typique du business case en gestion, la recherche a peu étudié ces tensions et la façon dont les entreprises pouvaient les gérer. La littérature stratégique sur les paradoxes organisationnels montre pourtant que de telles tensions peuvent engendrer des réponses défensives contre-productives qui limitent la capacité des acteurs à répondre aux enjeux et entravent au final leurs performances. En mobilisant l’approche des paradoxes comme cadre d’analyse de la gestion des tensions de la durabilité, cette recherche permet de mieux comprendre ce type de problèmes et comment des petites entreprises y faire face.

 

 

 


Le Réseau International de recherche sur les Organisations et le Développement Durable organise le Prix de thèse RIODD VIGEO-EIRIS 2020. Ce prix de thèse a une vocation profondément transdisciplinaire en sciences sociales et s’adresse à toutes les disciplines (Sciences de gestion, Économie, Droit, Sociologie, Sciences Politiques, Histoire, Sciences de l’ingénieur, etc.) pour valoriser les meilleures thèses ayant trait au développement durable, à la responsabilité sociétale des organisations, et plus généralement à la thématique large des relations entre entreprises et société.

Les thèses éligibles au prix RIODD Vigeo Eiris 2020 doivent avoir été soutenues durant les deux années civiles précédant la date du congrès du  RIODD, donc entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2019. Les chercheurs ayant candidaté au Prix RIODD Vigeo Eiris 2019 et dont la thèse n’a pas été récompensée peuvent soumettre à nouveau un dossier.

Toutes les thèses rédigées en français ou en anglais sont éligibles, quels que soient les contextes universitaires, notamment thèses de doctorat en France, PhD anglo-saxons, DBA, etc. En revanche, les thèses dites « professionnelles » qui correspondent à des mémoires réalisés dans le cadre de masters ou de mastères ne sont pas éligibles.
Les candidats doivent envoyer un dossier avant le 3 mars 2020 à l’adresse suivante : 
Ce dossier (en version électronique) doit comprendre les documents suivants (en français ou en anglais):

  • Un exemplaire de la thèse ;
  • Un résumé de la thèse compris entre 5 et 10 pages ;
  • Les deux pré-rapports autorisant la soutenance ainsi que le rapport de soutenance de la thèse ;
  • Une réponse sur une page à la question suivante : « En quoi votre travail fait-il progresser l’état des connaissances et des pratiques d’organisations concernant la RSE et/ou le DD » ;
  • si le prix est décerné à sa thèse, le candidat s’engage à être présent au 15 ème congrès du RIODD, qui aura lieu à Montpellier les 1 et 2 octobre 2020, avec un atelier doctoral le 30 septembre ;
  • Un document mentionnant : Nom, prénom, adresse postale et email, institution de rattachement pendant la thèse, institution de rattachement au moment de la candidature.

Les dossiers seront évalués par un jury scientifique réuni par le RIODD. Les critères d’évaluation sont les suivants :

  • L’originalité de la problématique ;
  • L’intégration d’une approche multidisciplinaire (champ des sciences sociales) dans le processus de recherche ;
  • Le caractère innovant de la recherche dans sa dimension théorique ou méthodologique.

Le ou les lauréats recevront un prix d’un montant de 1 500 euros remis par le Président du RIODD et le représentant de Vigeo lors du 15ème congrès du RIODD.
Le RIODD et Vigeo Eiris publieront également une information sur le lauréat sur leur site respectif et dans la Revue de l’Organisation Responsable.
https://www.cairn.info/revue-de-l-organisation-responsable.htm#
Le ou les lauréats sont encouragés à soumettre un article issu de leur thèse à cette revue.