XVIe Rencontres RIUESS – du 25 au 27 mai 2016 – Montpellier – Les « communs » et l’économie sociale et solidaire. Quelles identités et quelles dynamiques communes ?
Appel à communications
Face à l’extension de la propriété privée capitaliste au cours de ces dernières décennies, en particulier dans le domaine de la propriété intellectuelle, des mouvements de résistance et de contestation se sont développés favorisant d’autres modes d’appropriation reposant sur les groupements associatifs, la mutualisation et le partage. Il s’agit de donner accès à des ressources qui sont appropriées privativement ou qui risquent de l’être (logiciels libres, revues scientifiques, eau…).
Aux côtés des modes d’allocation par le marché et par l’Etat des modes de gouvernance innovants se mettent en place. Ils permettent une gestion commune et un accès partagé aux ressources. Les « communs » désignent ainsi les pratiques sociales qui cherchent à mettre en place une gouvernance collective afin d’assurer l’accès à certaines ressources et un mode d’allocation de ces ressources entre les acteurs concernés qui ne repose pas à titre principal sur le marché ou la redistribution publique (Coriat, 2015).
Cette problématique des « communs » fait directement écho à des pratiques anciennes bien connues des historiens portant sur les biens communaux et les droits collectifs qui déclinent surtout à partir du XVIIIe siècle face au développement des « enclosures » et les revendications libérales qui défendent entre autres la liberté économique et le droit individuel à la propriété (Béaur, 2006 ; Thompson, 2014). Les travaux d’Elinor Ostrom ont favorisé ce « retour des communs » (Coriat, 2015) en montrant l’efficacité d’une gestion collective de certaines ressources face à la propriété privée capitaliste (Ostrom, 1990). Pêcheries, systèmes d’irrigation ou pâturages notamment constituent autant d’exemples possibles de ressources naturelles partagées. Mais l’un des facteurs majeurs de cette résurgence repose sur le développement de l’Internet qui en séparant l’information de son support physique a contribué à l’émergence de nouveaux « biens communs informationnels » (Aigrain, 2005, 2010). Wikipédia représente probablement l’exemple le plus emblématique de ressources immatérielles partagées. Ces ressources en accès libre sont aujourd’hui au fondement du développement de l’économie collaborative qui connaît une médiatisation accrue.
Ces pratiques contemporaines des « communs » non seulement mettent à mal une vision largement majoritaire de l’économie reposant sur le couple Etat / marché, mais surtout interrogent directement le rapport à la propriété. Peut-il exister d’autres formes de propriété en dehors de la propriété privée capitaliste et de la propriété publique ? Une gestion efficace des ressources passe-t-elle nécessairement par la propriété privée ? Existe-t-il une limite à l’appropriation privée ? Des ressources sont-elles inaliénables ? Ces questions entrent en résonance avec l’économie sociale et solidaire. Celle-ci repose en effet sur l’idée qu’une autre forme de propriété, collective, peut permettre une organisation des activités économiques à la fois efficace et répondant à des objectifs de justice sociale. Dans cette perspective, l’hypothèse selon laquelle l’économie sociale et solidaire a perpétué ces pratiques des « communs » et participe aujourd’hui à son renouvellement mérite d’être posée. Certains domaines comme la petite enfance ou l’habitat par exemple largement investis par l’économie sociale et solidaire n’offrent-ils pas des opportunités de développement aux « communs » ?
Il s’agira lors de ces rencontres de situer l’économie sociale et solidaire par rapport à ces « communs » et d’en étudier les interactions.
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