Appel à contributions – Numéro spécial Terrains&Travaux – Empreintes et emprises de la financiarisation (Date butoir 09/02/2018)

L’ambition de ce dossier sur la financiarisation est d’étudier ce processus comme un fait social de pénétration par la finance des sphères politiques, économiques, sociales et domestiques, observable à différentes époques et dans différentes cultures.

La financiarisation sera entendue ici comme le processus de préemption par des acteurs financiers des revenus futurs espérés produits par des acteurs économiques et sociaux (entreprises, administrations, prisons, hôpitaux, États…) Les producteurs économiques et sociaux deviennent liés à ces promesses de revenus futurs qui les contraignent à atteindre les objectifs de rendement, à supporter les risques associés et le cas échéant à mettre en oeuvre les choix nécessaires à leur réalisation. À l’achèvement du processus de financiarisation, toute activité humaine, économique et sociale devient assimilable à un titre financier résumable à une espérance de rendement et un risque, dont l’achat est subordonné à une revente à court terme source de plus-value. Les activités économiques et sociales sont définitivement détournées de leur fonction première et jugées exclusivement à l’aune de ces représentations financières. Étudier la financiarisation ainsi définie invite à analyser les origines et les ressorts de ce processus, ses modalités de pénétration, et à questionner sa domination.

D’abondants travaux en socio-économie depuis une vingtaine d’années ont documenté l’ampleur du processus actuel de financiarisation, révélant le poids croissant du système financier dans la production et le contrôle des richesses et ses conséquences en termes d’instabilité économique et de creusement des inégalités sociales. Si la pénétration de la financiarisation a été plus particulièrement étudiée au sein du système financier et des entreprises cotées, elle a par contre été moins analysée dans l’espace social, culturel, politique et domestique. Ainsi nous proposons dans ce dossier d’approfondir ses effets dans des domaines comme l’art, la justice, l’éducation, l’urbanisme, l’agriculture, la santé, le sport, etc. Par exemple, l’acquisition de cliniques par des fonds de capital investissement inscrit ces dernières dans un système de valorisation visant la revente ultérieure en escomptant de fortes plus-values. Ce système conduit à une reconfiguration de leurs activités vers les soins ambulatoires plus rentables, reléguant au secteur public les autres types de soins. La flexibilisation et l’intensification du travail, alliées à l’individualisation des rémunérations et l’éclatement des collectifs de travail ont été nécessaires pour atteindre les objectifs de rendements fixés par les investisseurs financiers.

La financiarisation s’incarne également dans la vie personnelle au cours des différentes périodes de la vie (étudiante, professionnelle, retraite) puisque tous les évènements de la vie peuvent faire l’objet d’un contrat financier (prêt étudiant, assurance vie, assurance dépendance, assurance divorce, …).

Nous proposons donc d’analyser les empreintes et les emprises de la financiarisation par l’étude des dispositifs à travers leurs dimensions politique (les visées), rhétorique (l’argumentaire) et matérielle (les instruments). Il s’agira d’interroger les pratiques mais aussi les logiques d’action et de pouvoir de groupes professionnels qui sont à l’initiative de l’introduction, de l’utilisation et du déploiement de logiques financières. Cependant, la visibilité et la lisibilité des dynamiques locales de ces transformations se révèlent parfois difficiles à cerner en raison notamment de la difficulté à décrypter les liens de causalité, la naturalisation des représentations et la diversité des chemins empruntés. Les degrés de transformation peuvent également fluctuer selon les résistances rencontrées, la structure des compromis existants et la capacité des contre-pouvoirs à jouer un rôle.

Nous invitons particulièrement les contributions qui cherchent à articuler les deux dimensions suivantes :

  • Les empreintes laissées par la financiarisation : en dévoilant sa matérialisation dans des contrats juridiques et fiscaux, des modèles de calculs, des discours, des représentations, des règles de rémunération, d’évaluation, mais également dans des formes d’architecture et de plans d’aménagement urbains, des programmes scolaires, etc.
  • L’emprise de la financiarisation : en comprenant les rapports de pouvoir entre groupes professionnels, les formes de résistance ainsi que les phénomènes de domination à l’oeuvre qui conduisent à la naturalisation des représentations financières et leur légitimation.

Le processus de financiarisation pourra être étudié tant sur la période contemporaine que sur des périodes plus anciennes. Une attention particulière sera accordée à l’originalité des approches disciplinaires (sociologie, économie, urbanisme, science politique, histoire, droit, gestion…), des terrains et des méthodes (archives historiques, documents, entretiens, observations ethnographiques, questionnaires…).

La revue accueille également des notes critiques s’inscrivant dans le thème du dossier.

Les articles, de 50 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris) et les notes critiques, de 30 000 signes maximum, doivent être accompagnés de 5 mots-clés et d’un résumé de 150 mots (en français et en anglais). Ils devront parvenir sous forme électronique aux coordinateurs du numéro avant le 9 février 2018 aux adresses suivantes :

  • Isabelle Chambost :
  • Yamina Tadjeddine :
  • Caroline Vincensini :

Les consignes relatives à la mise en forme des manuscrits sont consultables sur le site de la revue : http://tt.hypotheses.org/consignes-aux-contributeurs/mise-en-forme

 

Terrains & travaux accueille par ailleurs des articles hors dossier thématique (50 000 signes maximum), qui doivent être envoyés à :

  • Hovig Ter Minassian ()
  • Vinciane Zabban ().

Pour plus de détails, merci de consulter le site de la revue : http://tt.hypotheses.org

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