Revue Innovations – Appel à contribution- Numéro thématique Innovation responsable
Editeurs invités : Romain DEBREF, Delphine GALLAUD, Ludovic TEMPLE, Leïla TEMRI
Au croisement entre innovation et responsabilité, la notion d’innovation responsable, récente, suscite néanmoins un engouement croissant. Si plusieurs pays, tels que les Pays-Bas et les USA se sont déjà bien engagés dans les réflexions (Ambassade de France au Royaume uni, 2011), le concept n’a été intégré en France que plus tardivement. Les travaux se développent actuellement à trois niveaux.
D’une part, à partir des travaux de la DG Recherche de la commission européenne, qui visent, depuis 2001, à rapprocher la science et l’innovation de la société, des citoyens européens, dans une approche davantage participative. Depuis 2010, le concept de « recherche et innovation responsable » (RRI en anglais) est développé pour répondre à cette ambition. Il implique une plus grande participation de l’ensemble de la société dans la totalité du processus de recherche et d’innovation. Von Schomberg, (2011) en a donné une première définition : “Responsible Research and Innovation is a transparent, interactive process by which societal actors and innovators become mutually responsive to each other with a view to the (ethical) acceptability, sustainability and societal desirability of the innovation process and its marketable products( in order to allow a proper embedding of scientific and technological advances in our society”). Cette notion fait également l’objet d’une question transversale dans le programme Horizon 2020. Elle montre la nécessité du rapprochement entre les scientifiques et la société civile, autrement dit les usagers et consommateurs, au sein du processus d’innovation.
Une seconde définition plus portée par l’institutionnalisme méthodologique définit la responsabilité comme étant le devoir de rendre des comptes sur ses actes et d’en assumer les conséquences. Appréhender la responsabilité sociale et environnementale d’une entreprise revient à questionner son périmètre méso-économique (périmètre délimitant les acteurs internes à l’entreprise), son interface (périmètre délimitant les acteurs externes qui sont en interaction avec elle) et sa capacité d’action (l’ensemble des modalités d’interaction des acteurs internes vis à vis des acteurs externes, dont les modalités de choix des acteurs en position décisionnaire) (Chanteau, Labrousse, 2013). Cette définition peut également être appliquée à l’innovation.
Enfin, le concept d’innovation responsable se développe aussi au sein des organisations, dans différentes disciplines. Selon Pavie (2012), il trouverait son origine dans les travaux de Hans Jonas (1979) sur la responsabilité à l’âge technologique, davantage même que la notion de responsabilité sociétale ou le développement durable. Ainsi, pour Pavie (2012, p. XVIII), l’innovation responsable « recouvre la capacité d’un individu, d’une association, d’un
organisme, d’une institution, mais essentiellement d’une entreprise à innover en prenant en compte l’ensemble des impacts de son innovation ». La notion renvoie aux trois types d’impacts classiques définis dans le cadre du développement durable, les trois « piliers », mais aussi à la responsabilité de l’innovateur vis-à-vis de ces impacts. Ce n’est donc pas seulement la finalité de l’innovation qui importe, comme dans le concept d’innovation sociale par
exemple, mais aussi l’impact effectif.
Ces trois aspects, macro, méso et micro, posent une série de questions qui seront discutées dans le cadre de ce numéro, en croisant différentes disciplines.
– Comment émergent ces innovations ? comment sont-elles accompagnées ?
– Comment prendre en compte les intérêts des parties prenantes au cours du processus d’innovation, en matière de recherche comme au sein des organisations ? plus largement, comment mieux intégrer les parties prenantes et leurs attentes au processus d’innovation ? Comment les identifier ?
– En particulier, comment se situent les utilisateurs ? Peut-on rapprocher l’innovation responsable de l’innovation par les utilisateurs de Von Hippel (1976)?
– Au-delà des démarches participatives, comment s’intègrent les acteurs de la société civile, notamment les associations et organisations non gouvernementales, dans le processus ? Leur intégration conduit-elle systématiquement à des innovations responsables ?
– Comment l’innovation ouverte (Chesborough, 2003) peut-elle être responsable ?
– Comment évaluer ex-ante les impacts des innovations envisagées ?
– Comment arbitrer entre les différentes dimensions du développement durable, sociale, environnementale, économique ? entre les différentes parties prenantes aux attentes contradictoires ?
Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive.
L’innovation responsable renvoie aux finalités de l’innovation. Mais au- delà, elle engendre une série d’interrogations qui ont été posées et qui restent pour partie non résolues dans le domaine du développement durable et de la RSE, ainsi que des questions concernant les modalités de mise en oeuvre du processus d’innovation, telle que l’approche participative, par exemple.
Procédure de soumission : Les contributions doivent être originales et se conformer aux instructions aux auteurs de la revue innovations : http://innovations.cairn.info/instructions-auxauteurs/
Date limite de soumission : 28 février 2018 exclusivement sur la plateforme Editorial
Manager : http://www.editorialmanager.com/innovations/default.aspx
Révision : entre février 2018 et fin 2018
Publication : premier semestre 2019
Editeurs invités
– Romain DEBREF : Université Reims Champagne –Ardenne, Laboratoire REGARDS,
– Delphine GALLAUD : AgroSup Dijon, Laboratoire CESAER,
– Ludovic TEMPLE : CIRAD, UMR Innovation,
– Leïla TEMRI : Montpellier SupAgro, UMR MOISA,
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